Parce que l’agilité à l’échelle est l’un des enjeux cruciaux des grandes organisations, nous avons interrogé quatre experts afin de constituer un ebook, permettant de comprendre les apports de l’agilité à l’échelle et SAFe. L’article suivant est un extrait de cet ebook et nous permet de nous demander si SAFe est vraiment agile.
SAFe est un ensemble de pratiques sur lesquelles se baser plutôt qu’à prendre en bloc
Voilà une question qui peut amener débats et discussions. Du point de vue de l’entreprise, il est vrai que pour avoir une vision globale, sur plusieurs projets menés de front, il semble inévitable d’orchestrer le travail avec des processus cohérents et des indicateurs d’avancement partagés. Du point de vue des équipes, cette notion de « structuration du travail pour tous » peut paraître contraire au principe d’autonomie propre à l’agilité. En gardant en tête le principe d’adaptation dans l’agilité, on peut se dire que ces processus et ces indicateurs devraient être ouverts à évolution, à modification, dès lors que les équipes n’y adhèrent plus ou proposent autre chose.
SAFe est-il agile ? Je me suis posé la question suivante : Est-ce que SAFe ne pourrait pas être un premier pas vers l’agilité ?
C’est paradoxal, car SAFe est quelquefois vu comme l’objectif ultime d’une grande organisation agile, et c’est ainsi qu’il est promu. Toutefois, SAFe n’est pas une méthode à prendre en bloc mais un ensemble de pratiques sur lesquelles se baser. Alors pourquoi pas ne prendre de SAFe que ce qui est pertinent en fonction des objectifs et de la culture de l’organisation ; prendre ce qui n’est pas agile pour faire un premier pas vers l’agilité quand on vient d’une culture traditionnelle ; prendre ce qui est agile à l’échelle comme le train quand on vient d’une culture d’équipes Scrum. Après tout, avancer ainsi par itération est une démarche agile.
La vraie question est de savoir quelle structuration et interprétation on souhaite attribuer à SAFe
De prime abord, SAFe ressemble à une usine à gaz. Quand on regarde de plus près, ça ressemble toujours à une usine à gaz très très détaillée et très structurée. Quand on participe à une formation SPC (SAFE Program Consultant), on nous bassine pendant des heures avec des principes et des valeurs tout droit sortis du Manifeste Agile et de la maison du Lean, triturés et exprimés sous des façons différentes (les 10 principes, les 4 core values, les 7 compétences…). Je dis « bassine » car quand on est coach agile depuis déjà 9 ans, ça paraît un peu long.
Je vais être claire : la question n’est pas de savoir si SAFe ou Scrum ou LA méthode agile est vraiment agile, la question est de savoir ce que l’on en fait. J’ai vu de très nombreuses mises en oeuvre de Scrum où on ne pouvait vraiment pas parler d’agilité (on mesure la vélocité par personne pour éliminer les plus faibles, un exemple véridique), c’est la même chose avec SAFe.
Évidemment que ce n’est pas en mélangeant bêtement la liste des ingrédients d’une recette qu’on obtiendra un très bon plat. Tout est dans la mise en œuvre de la recette, dans son interprétation, dans le fait de goûter au fil de l’eau pour ajuster, dans le fait d’ajouter ou de retirer un ingrédient ou une épice, dans le temps et l’amour qu’on y consacre, dans l’objectif de rendre les gens heureux.